Observatoire de la santé 2020 : les inégalités territoriales ne sont pas une fatalité

La Mutualité française a publié son 4ème Observatoire Place de la Santé consacré à l’accès territorial aux soins. Cette étude comporte une analyse à partir de différentes sources de données permettant une mise en perspective ainsi qu’une enquête réalisée auprès du grand public et des entretiens avec des professionnels de santé. Elle vise à démontrer que sans mesures fortes sur l’organisation des soins, des pouvoirs publics ou par les professions de santé, l’accroissement des inégalités est inéluctable.

La demande de soins insatisfaite sur le territoire français n’a cessé de croître ces dernières années pour des raisons démographiques, géographiques et médicales et la tendance est amenée à se poursuivre.

Les pouvoirs publics ont adopté plusieurs lois ces quinze dernières années : la loi Hôpital, patients, santé et territoires (2009), le Pacte Territoires-Santé (2012), la loi de modernisation du système de santé (2016) ou encore le Plan territorial d’accès aux soins (2017) dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Ma Santé 2022.

À mi-chemin de ce plan, la Mutualité Française cherche avec cet Observatoire à mesurer les réductions d’inégalités et à identifier les initiatives des professionnels de santé et leur impact sur l’adéquation de l’offre aux besoins, parmi lesquelles : la télémédecine, le partage de compétences entre professionnels de santé, le succès de la vaccination antigrippale par les pharmaciens, l’exercice coordonné.

Focus sur la région Île-de-France

Bien que bénéficiant d’indicateurs à priori plutôt favorables, la région Île-de-France est pourtant la région la plus inégalitaire. Première région économique de France, on y trouve à la fois les personnes les plus aisées, mais aussi les plus pauvres du pays. Ces inégalités se retrouvent également en matière de santé.

Indicateurs sociaux économiques

La région la plus peuplée : L’Île-de-France se caractérise par une forte concentration populationnelle ; avec 12 millions d’habitants, elle représente 19% de la population française métropolitaine sur 2% du territoire métropolitain. Cette population est principalement concentrée sur Paris (89% de la pop) qui représentent 27% de la surface de la région.

Une région plutôt jeune mais qui tend à vieillir : L’Île-de-France est une région globalement jeune qui présente un taux de fécondité plus élevé que la France métropolitaine contribuant à près d’un quart des naissances du pays. Si la population francilienne reste une population « jeune », elle vieillit.
Entre 2007 et 2013, le nombre de personnes âgées de 85 ans et plus a augmenté de 31%. Cette évolution tend à s’accélérer dans les projections démographiques.

La région la plus riche mais aussi la plus inégalitaire : Les données moyennes sur l’Île-de-France sont trompeuses : la région concentre à la fois la richesse et la pauvreté. Le niveau de vie médian en Île-de-France est de 23 444 euros/an contre 21 070 euros de moyenne en France métropolitaine. Ce niveau de vie médian n’est cependant que de 16 996 euros en Seine-Saint-Denis, soit 9 812 euros de moins qu’à Paris.

Les inégalités socio-économiques sont particulièrement importantes en Île-de-France : en 2016, le taux de pauvreté de la région s’élève à 15,6% ce qui est supérieur à la valeur de la France métropolitaine (14,7%).
Il est caractérisé par de fortes disparités territoriales : il atteint 28,6% en Seine-Saint-Denis contre 9,7% dans les Yvelines.

Indicateurs de santé

On retrouve dans les données de santé la situation des indicateurs sociaux économiques : une moyenne supérieure à la moyenne nationale, mais des écarts importants entre les départements.

La région est globalement en bonne santé, mais il existe des fragilités et des inégalités majeures :

On vit en moyenne plus vieux dans la région que dans le reste de la France (espérance de vie à la naissance de 85,9 ans chez les femmes et 81,1 ans chez les hommes en Île-de-France contre 85,4 ans et 79,5 ans en France métro – données 2018) ; mais il y a de grandes disparités entre les départements : on vit en moyenne deux ans plus vieux dans les Hauts-de-Seine qu’en Seine-et-Marne.

L’offre de santé francilienne présente de nombreux atouts mais aussi des zones de fragilités importantes.

Ainsi, la densité de médecins généralistes pour 100 000 habitants est, en moyenne, inférieure à la densité moyenne nationale (132 contre 152) mais avec de fortes disparités selon les départements (243 à Paris et 96 en Seine-et-Marne).

La densité de médecins spécialistes en Île-de-France est par contre bien supérieure à celle de la France métropolitaine (225 pour 100 000 habitants contre 190).
Mais là encore, les disparités entre départements sont importantes : Paris dispose ainsi de 626 médecins spécialistes pour 100 000 habitants alors que la Seine-et-Marne n’en compte que 112.

La région capitale se caractérise également par un nombre de patients sans médecin traitant plus important que la moyenne métropolitaine (14% contre 11%).
Ce pourcentage est de 17% dans les Yvelines et de 15% à Paris, dans les Hauts-de-Seine et dans le Val-d’Oise.

Consultez la plaquette de l’Observatoire de la Santé de la Mutualité Française 2020 : cliquez ici
Les Français et l’accès aux soins – L’essentiel : cliquez ici

L’Île-de-France n’est pas épargnée par les déserts médicaux

De même, le pourcentage de la population habitant en zone sous dotée en médecin généraliste est en moyenne plus important en Île-de-France que dans le reste de la France : 19% contre 11%. Les départements de la Seine-et-Marne et du Val-d’Oise sont même considérés comme des déserts médicaux avec, respectivement, 35% et 39% de leur population vivant dans une commune où l’accès à un médecin généraliste est limité.