Comportements addictifs pendant le confinement
La fermeture des bars et restaurants a entraîné la constitution de stocks d’alcool (vin, bière, alcools forts) qui seront difficiles à écouler.
En effet, force est de constater que malgré des ventes spectaculaires entre le vendredi 13 et le mardi 17 mars 2020, les ventes d’alcool ont été en recul de 16.1 % (en valeur) lors des 12 jours qui ont suivi la mise en place du confinement, alors même qu’ils affichaient une croissance de 12.4 % les 12 jours précédents. Les français ont privilégié l’achat de produits de première nécessité autres que l’alcool.
De plus, plus de 10 millions de litres de bières, majoritairement en fûts, ont été détruits précisent les Brasseurs de France : les bières en vogue, souvent non pasteurisées au contraire des bières blondes classiques, sont plus fragiles. C’est pourquoi elles ne peuvent pas être conservées plusieurs mois.
L’industrie viticole a voulu participer à la fabrication de gel hydro-alcoolique, en cédant d’importantes quantités d’alcool éthylique, comme le groupe Pernod-Ricard : 70 000 litres d’alcool pur.
GAE Conseil (cabinet spécialiste de la prévention des conduites addictives en milieux professionnels) a donné le 22 avril 2020 les résultats d’un sondage exclusif ODOXA.
« Le succès des « apéro-visio » relayé dans les médias laissait classiquement à penser que la consommation d’alcool allait exploser durant cette période de confinement. Résultat, si en pourcentage la proportion parait faible, le nombre de français ayant augmenté leur consommation d’alcool, est très inquiétant puisqu’ils sont 5,5 millions à boire davantage depuis le début du confinement. »
Pourtant, selon une enquête de Santé publique France dévoilée mercredi 13 mai 2020, seuls 11 % des Français déclarent que leur consommation d’alcool a augmenté avec le confinement.
Deux tiers des personnes interrogées (65 %) estiment avoir une consommation stable et 24 % qu’elle a même diminué. Parmi les individus ayant bu plus d’alcool depuis le 17 mars 2020, la moitié (51 %) ont augmenté la fréquence de consommation, un sur dix le nombre de verres bus les jours de consommation.
Sur le front du tabac, le confinement n’est pas non plus sans conséquence puisque 27 % des fumeurs ont augmenté leur consommation (sondage GAE Conseil-Odoxa).
Ce même chiffre (augmentation de 27 %) est retrouvé par Santé Publique France ; pour 55 % des fumeurs, la consommation est stable et pour 19 % d’entre eux, elle a diminué. La hausse moyenne du nombre de cigarettes fumées par les fumeurs quotidiens (94 % des fumeurs interrogés) est de 5 cigarettes par jour. L’augmentation de la consommation de tabac est plus fréquemment mentionnée par les 25-34 ans (41 %), les actifs travaillant à domicile (37 %).
On a observé des difficultés d’approvisionnement en cannabis et cocaïne, les frontières étant fermées. La livraison à domicile, la prise de rendez-vous, la vente physique et les réseaux sociaux, le deal s’est accommodé du confinement pour maintenir le business.
35 % des usagers quotidiens ont accru leur consommation et seulement 7 % des consommateurs quotidiens ont arrêté de consommer du cannabis pendant le confinement (étude Cannavid, à partir de 4 000 questionnaires complétés en mars-avril 2020). L’arrêt de consommation s’explique par une probable rupture d’approvisionnement.
S’ils sont licites (sur prescription), les somnifères, anxiolytiques et antidépresseurs peuvent provoquer des addictions. Et là encore, en période de confinement, les Français ont tendance à augmenter les doses, puisqu’ils sont 22 % dans ce cas (sondage GAE Conseil-Odoxa).
Cela peut aussi s’expliquer par l’impossibilité de se procurer du cannabis en cette période de confinement, et d’avoir recours aux benzodiazépines pour gérer le manque.
- Addictions comportementales
L’offre de jeux en ligne perdure et les buralistes ont continué à vendre des tickets à gratter de la Française des Jeux.
Rapidement après le début du confinement, la Fédération Addiction avait constaté, via son réseau de membres, un transfert de joueurs en dur (paris sportifs, hippiques…) vers les sites de jeux en ligne (poker notamment) ajoutant ainsi à la dimension addictive des jeux, celle des écrans et de leur disponibilité. Elle avait également noté une tendance à la hausse des appels de personnes en difficulté avec les jeux. Cette hausse semblait également concerner le numéro d’appel de Joueur info service.
Dans un communiqué de presse du 14 avril 2020, l’Autorité de Régulation des Jeux en Ligne (ARJEL- future Autorité Nationale des Jeux) a confirmé ce report important des joueurs vers les sites de poker. Elle attire également l’attention sur le risque de report vers une offre illégale de jeux en ligne ne répondant pas aux obligations de régulation prévues par la Loi et publie des recommandations à destination des joueurs afin de les aider à garder la maitrise de leur pratique du jeu.
Comportements addictifs après le confinement
Le 11 mai 2020, les mesures de déconfinement ont permis la réouverture des bars et restaurants (en terrasse uniquement, en zone rouge).
Il est vrai que tout le monde a ressenti le besoin de se retrouver, pour fêter le déconfinement, cette privation de liberté individuelle et collective : autour d’un verre, d’une table, en famille et/ou entre ami.e.s. On a pu ainsi constater à plusieurs reprises le non-respect des gestes barrières par un groupe à moindre risque (de mortalité lié au coronavirus) : les jeunes adultes.
Les ventes de tabac ont fortement augmenté en Andorre entre le premier jour du déconfinement et la date officielle de réouverture de la frontière avec la France : les ventes de produits de tabac ont augmenté de près de 50 % dans la principauté. Pour les fumeurs, acheter son tabac en Andorre, c’est l’assurance de faire de grosses économies. Le prix moyen d’un paquet de vingt cigarettes est de 9,70 € en France contre 3,75 € dans la principauté (source : La Dépêche, 11 juin 2020).
Les Français se sont également précipités à la frontière espagnole pour acheter de l’alcool et du tabac.